La Mécanique Quantique pour les Non Physiciens

La m´ecanique quantique pour non-physiciens Il est facile d’imaginer un syst`eme parfaitement d´eterministe, mais qui est impr´evisible, en pratique au moins, par exemple un « g´en´erateur de nombres al´eatoires » , qui est un m´ecanisme parfaitement d´eterministe, mais qui produit une suite de nombres ‘al´eatoires’, c’est-`a-dire ne poss´edant apparemment aucune r´egularit´e. Le probl`eme que posent ces exemples est que, si l’on se trouve en face d’un ph´enom`ene impr´evisible, irr´egulier, cela ne suffit pas pour en conclure qu’il est ‘vraiment’ al´eatoire c’est-`a-dire qu’aucun m´ecanisme cach´e, inconnu, ou peut-ˆetre mˆeme inconnaissable par les ˆetres humains, ne puisse rendre compte de ce ph´enom`ene. On peut ´evidemment dire : `a quoi bon se demander s’il existe des m´ecanismes ‘cach´es’ derri`ere les ph´enom`enes ‘al´eatoires’, si l’on admet que ceux-si sont r´eellement impr´evisibles en pratique. La r´eponse est double : d’une part toute la recherche scientifique nous a men´e `a d´ecouvrir des lois qui gouvernent des ph´enom`enes qui sont, en pratique, impr´evisible, au moins `a certaines ´echelles de temps : mˆeme le mouvement de certaines plan`etes n’est pas pr´evisible `a l’´echelle de millions d’ann´ees. D’autre part, si la m´ecanique quantique nous avait seulement appris que certains ph´enom`enes sont impr´evisibles, alors cela ne pourrait pas ˆetre ce qui est caract´eristique de sa nouveaut´e . En effet, Laplace, lorsqu’il ´enonce le principe de d´eterminisme universel 11 , ne le confond pas avec la pr´evisibilit´e ; il ajoute que nous resterons toujours infiniment ´eloign´es de l’intelligence de son « d´emon » . Laplace ne pensait certainement pas que l’on pourrait un jour pr´evoir, mettons, le temps qu’il fera `a tel endroit, tel jour et `a telle heure dans un si`ecle. N´eanmoins, quand on lit certains commentaires sur la m´ecanique quantique, on ne peut s’empˆecher de penser que sa nouveaut´e ne r´eside pas dans le simple fait d’avoir donn´e un moyen de calculer la fr´equence avec laquelle certains ph´enom`enes impr´evisibles se produisent, mais d’avoir d´ecouvert des ph´enom`enes r´eellement al´eatoires, vraiment 11 « Une intelligence qui pour un instant donn´e connaˆıtrait toutes les forces dont la nature est anim´ee et la situation respective des ˆetres qui la composent, si d’ailleurs elle ´etait assez vaste pour soumettre ces donn´ees `a l’analyse, embrasserait dans la mˆeme formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus l´eger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir, comme le pass´e, serait pr´esent `a ses yeux » ([47] p. 32–33). 11