La Mécanique Quantique pour les Non Physiciens

La m´ecanique quantique pour non-physiciens l’attitude formaliste en math´ematique, qui ramenait celle-ci `a un jeu d’´ecriture, par peur des contradictions ; et finalement, dans l’approche fr´equentiste en th´eorie des probabilit´es, par peur des ‘paradoxes’ qui peuvent apparaˆıtre dans l’approche bayesienne. Mais ce qui est bon pour un temps ne l’est pas n´ecessairement pour un autre. De partiellement progressiste qu’elle ´etait, la « philosophie quantique » est devenue obscu- rantiste. D´ej`a `a l’´epoque des p`eres fondateurs, Einstein, Schr¨odinger et d’autres voyaient que si l’on prenait `a la lettre certains de ses slogans ( « le rˆole de la science se limite `a pr´edire les r´esultats de mesure » ) on abandonnait l’essentiel de l’entreprise scientifique. Mettre l’observateur au centre de tout ( « l’homme est acteur et non pas spectateur dans le th´eˆatre de la vie » [12]), c’´etait revenir aux illusions anthropocentriques du discours pr´e-scientifique. L’absence d’une formulation pr´ecise de la m´ecanique quantique encourage des discours confus et parfois franchement irrationnels. Contrairement `a ce qui est souvent dit aux ´etudiants, une personne au moins ´etait parfaitement lucide : Einstein (il y en avait d’autres, Schr¨odinger par exemple, mais ils ´etaient rares). Celui-ci ´etait revenu du ‘machisme’ (au sens de la doctrine de Mach) de sa jeunesse et voyait parfaitement les probl`emes de la m´ecanique quantique, `a la fois celui du ‘chat de Schr¨odinger’ et celui du dilemne, n´ecessit´e de variables cach´ees/non-localit´e, r´ev´el´e par la situation EPR. Bien sˆur EPR avaient fait le mauvais choix, si on veut, en pensant que la non-localit´e ´etait impensable. Mais ils avaient vu le probl`eme bien mieux que leurs critiques de l’´epoque. Malheureusement, le th´eor`eme de Bell ne fut d´emontr´e qu’en 1964 pr`es de trente apr`es l’article EPR, et, entre 1935 et 1964, la majorit´e des physiciens devint convain- cue que Bohr avait r´epondu de fa¸con satisfaisante `a Einstein. Je ne discuterai pas ici ce que Bohr avait r´eellement en tˆete, et comment il avait ´et´e compris par la majorit´e des physiciens 47 . C’est un probl`eme fascinant pour les historiens des sciences. Mais, puisque l’argument EPR avait simplement ´et´e oubli´e et puisque toute la question des variables cach´ees ´etait de ce fait consid´er´ee, comme le dit Bell, comme la preuve d’un « lamentable 47 Voir l’analyse critique que fait Bell dans ([7] p. 155). 43

RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=