La Mécanique Quantique pour les Non Physiciens

IV La question des ‘variables cach´ees’ toire et mis en interaction avec un appareil s’y trouvant. On ne peut mˆeme pas dire que les propri´et´es de la particule sont « affect´ees » par les mesures. On devrait plutˆot dire qu’elles sont « cr´e´ees » par elles ou que la particule et l’appareil de mesure forment un « tout ins´eparable » . Si on suit l’interpr´etation litt´erale, parler mˆeme de particules ou de syst`emes microscopiques est un abus de langage. La th´eorie parle seulement du com- portement pr´evisible de certains objets macroscopiques particuliers appel´es appareils de mesure 18 . Appliqu´ee `a l’´evolution, cette interpr´etation conduit `a des vues particuli`erement ´etranges : l’´evolution fonctionne grˆace `a des mutations impliquant des processus biochi- miques qui sont en fin de compte gouvern´es par la m´ecanique quantique. Mais toute description d´etaill´ee de ces ph´enom`enes n’aurait de sens que par rapport `a des mesures ( imaginaires) qui seraient accomplies dans des laboratoires, aujourd’hui. Le lecteur peut penser que ce qui pr´ec`ede n’est pas ce que l’interpr´etation standard de la m´ecanique quantique dit r´eellement. C’est sans doute, parce qu’il ou elle a en tˆete l’autre conception, celle qui est ‘implicite’, `a savoir que la « mesure » signifie r´eellement une mesure, c’est-`a-dire que les exp´eriences r´ev`elent plutˆot qu’elles ne cr´eent les pro- pri´et´es existantes du syst`eme 19 . Suivant cette conception, les particules ont des propri´et´es telles que la position, le moment, le moment angulaire, et, quand nous mesurons une observable A , nous d´ecouvrons simplement la valeur que cette observable poss`ede dans le syst`eme donn´e ind´ependamment de toute mesure. Pour nous r´ef´erer `a cette situation, nous parlerons de valeurs « poss´ed´ees » par le syst`eme ou, encore, « pr´eexistantes » `a la mesure. 18 Si l’on suit cette interpr´etation, la m´ecanique quantique se rapproche une conception qui est popu- laire chez certains philosophes et sociologues des sciences : `a savoir que la science est vraie et objective, mais seulement quand ses affirmations se r´ef`erent `a ce qui arrive `a l’int´erieur du laboratoire. D’apr`es cette conception, les assertions des scientifiques ne sont pas suppos´ees se r´ef´erer au monde ext´erieur ; en particulier ils ne devraient pas parler de « lois de la nature » . Les scientifiques ne devraient pas taxer de telles conceptions de « non-sens » , du moins quand la discussion porte sur la m´ecanique quantique, `a moins qu’ils n’aient une alternative claire `a leurs propres discours sur le caract`ere central des ‘mesures’. N´eanmoins, on pourrait demander `a celui qui partage ces conceptions, pourquoi construire des labora- toires, si les exp´eriences qui s’y accomplissent ne nous permettent pas de connaˆıtre quoi que ce soit sur le monde en dehors des laboratoires ? 19 J’appelle « implicite » cette conception, parce que je crois que c’est ce que de nombreux physiciens pensent que la m´ecanique quantique signifie. Bien que ce ne soit ni ce que la formulation usuelle dit ni, comme nous le verrons, logiquement coh´erent. 16

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