Memento - Les EMI

© POUR LA SCIENCE - N° 350 DÉCEMBRE 2006 100 L L ' état végétatif, un syndrome qui peut suivre le coma, est un éveil sans conscience. Cela peut être une étape vers la récupération, mais c’est parfois un état qui dure des années. Le coma correspond à une absence d’éveil et donc de conscience. L’état de conscienceminimale est un éveil avec des ébauches de conscience. Le sommeil normal est un état sans conscience, qui peut durer plusieurs heures, mais où la conscience peut-être rappelée rapidement, la vigilance reve- nant après stimulation. L’évanouissement (ou syncope) est une perte de conscience de courte durée, souvent due à une baisse trop forte de la pression artérielle. L’anesthésie est une perte de conscience provoquée, où l’éveil et, par conséquent, la conscience sont annihilés tant que les sub- stances anesthésiantes sont actives. Ainsi, les « absences de conscience » chez l’homme sont protéiformes. Leur essence même varie. Les frontières entre ces différents états sont floues et, plus encore, le passage de l’état conscient à l’état non conscient dans ces différents scénarios. La conscience est un concept à multiples facettes qui présente deux composantes principales : la perception consciente de l’environnement et de soi-même (le contenu de la conscience) et l’éveil (la vigilance). Il faut être éveillé pour être conscient. La conscience représente un continuum d’états. Quel est le substrat neuronal de la conscience? C’est l’une des principales questions ouvertes dumonde des neu- rosciences et plusieurs pistes sont suivies pour l’étudier. Le neuropsychologue Bernard Baars, de San Diego, en Cali- fornie, a été le premier à comparer l’activation cérébrale selon que les circonstances permettent ou non l’accès à la perception consciente. Il a proposé que, pour être consciente, une expérience nécessite une diffusion globale de l’infor- mation dans le cerveau (de vastes réseaux de neurones y participent), une cohérence interne (ce qui la différencie du rêve) et des perceptions d’une certaine durée. Quand B. Baars évoque une telle conscience, il l’associe à l’éveil, mais rares sont les groupes qui ont étudié des situations où l’éveil et la perception consciente sont dissociés. État végétatif ou conscience minimale C’est précisément ce que nous faisons sur des patients en état végétatif : les patients se « réveillent de leur coma », mais ne présentent pas d’interactions « volontaires » avec leur environnement, c’est-à-dire qu’ils ne communiquent pas et ont uniquement des mouvements réflexes. Nous essayons de déceler par imagerie cérébrale si certaines zones restent malgré tout fonctionnelles chez ces personnes, afin d’évaluer leur conscience. Nous verrons que certaines zones restent activables, mais que cette activité ne suffit pas à prédire la perception consciente et que, de surcroît, les zones activables sont déconnectées des aires du cortex qui sem- blent nécessaires à la conscience. Nous examinerons aussi l’intérêt que présente l’imagerie cérébrale quand il s’agit de distinguer une personne en état végétatif ou en état de conscience minimale. Voyons d’abord ce qui distingue ces deux altérations de la conscience. Les patients qui basculent dans le coma après une lésion cérébrale grave et qui survivent grâce à des soins intensifs Steven Laureys Plusieurs états indiquent une perte de conscience : le sommeil, l’évanouissement, l’anesthésie, le coma. L’étude de l’état végétatif, un éveil sans conscience, souligne combien les limites de la conscience sont incertaines, mais aussi combien il est urgent de les explorer. Les degrés de la conscience

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