Le Conspirationnisme - Le Complot Cosmique

Donc les textes se répètent à l'infini, les auteurs ont tendance à se copier mutuellement. Donc c'est en effet une lecture qui est assez difficile d'accès à ce niveau-là parce qu'on a l'impression de lire tout le temps la même chose. Les livres ont généralement des titres qui sont relativement similaires et ça, c'est l'une des difficultés principales pour aborder cette littérature. Alors c'est sûr que cette littérature est nauséabonde et que ce n'est pas forcément toujours très agréable à lire et qu'on a parfois envie de lire autre chose, ça, c'est évident ! Mais finalement il y a un phénomène assez particulier quand on travaille sur ce type d'ouvrage, c'est qu'on s'habitue progressivement à ces lectures-là et que ces lectures-là deviennent même, enfin lire ces textes devient même un phénomène rassurant ! Alors je pense que cela va au-delà du chercheur, c'est-à-dire qu'avoir un discours répétitif est un phénomène rassurant et crée finalement dans une certaine forme un besoin de ce discours qui dépasse largement, je pense, l'aspect du chercheur qui justement essaye de garder ses distances avec l'objet. Mais il y a une habituation à ces discours et c'est vrai que quand on travaille longtemps sur ces discours, il y a d'une certaine façon, et ça peut paraître assez étrange parce qu'on peut les condamner et tout ce qu'on veut, on a besoin de continuer à lire ces discours parce que c'est quelque chose de répétitif et je pense qu'il y a un élément répétitif qui est assez important. Jean-Michel Abrassart : Ça existe aussi dans la psychologie des gens qui adhèrent à cette littérature-là... Emmanuel Kreiss : Je pense ! Parce que c'est une question quand même assez étrange ce qu'il y a, finalement quand on prend historiquement, alors au-delà même de l'ufologie nazie ou des théories conspirationnistes autour de ces thèmes, d'une façon générale, les discours conspirationnistes sont des discours qui ont un certain côté addictif. Le fait donc que ce discours se répète avec de petites variantes finalement donne une recherche de ces variantes et une espèce de flot continu de discours qui constitue une sorte d'habituation à ces discours. Alors c'est un phénomène qui n'a pas, je crois, été pour l'instant étudié ni relevé, mais à mon avis qui pourrait expliquer en tous les cas... Alors ce sont des phénomènes qui sont plus psychologiques et moi je suis historien, donc ce n'est pas mon domaine, mais cela pourrait peut-être expliquer la profusion de ces discours et la consommation de ces discours dans certains secteurs de la société. Jean-Michel Abrassart : OK on arrive de tout doucement à la fin de l'interview.

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