Dossier Zététique : L'Incorruptibilité Physique

15  Synthèse. Nous avons vu précédemment que de nombreuses méthodes (naturelles ou artificielles) permettent la conservation prolongée des corps. Cependant certains cas échappent encore à toute explication scientifique. Faut-il en déduire que ces défunts sont des saints ? Evidemment non ! Pourtant cette erreur a été très souvent commise faute de connaissance du phénomène. Cela ne veut pas dire pour autant que l’hypothèse du miracle doit être rejetée, mais elle est très improbable. En général, le protocole suivi n’est pas assez rigoureux, voici les erreurs de diagnostic souvent constatées : _ Aucune autopsie n’est pratiquée : celle-ci permettrait de détecter un embaumement, comme le remplacement du sang par une solution de formol. _ L’examen du corps est parfois fait par un médecin non habilité et religieux : on peut remettre en cause la compétence et l’objectivité du médecin. Il faudrait que plusieurs médecins spécialistes établissent chacun un diagnostic similaire. _ Le milieu dans lequel est le corps n’est quasiment jamais étudié, or une tourbière ou une terre filtrant des eaux arsenicales peuvent améliorer la conservation. _ L’état du cercueil n’est jamais décrit : l’herméticité est un facteur important d’imputrescibilité car le corps est alors protégé des bactéries responsables du pourrissement. _ Il faudrait connaître les conditions d’enterrement comme les soins hygiéniques pratiqués, le nombre de jours écoulés avant l’enterrement, la méthode de conservation avant l’inhumation… _ La morphologie du défunt et la cause de la mort sont aussi des paramètres non négligeables. On a remarqué qu’une grande partie des cas d’incorruptibilité arrive à des gens très pieux souvent appartenant à un ordre religieux. Mais cet argument est-il suffisant pour parler d’intervention divine ? Non car d’une part le phénomène ne touche pas tous les membres de l’ordre, même les plus hauts placés, et d’autre part ce phénomène touche des gens non croyant. Si les religieux représentent une forte proportion, n’est-ce pas dû au fait qu’ils sont plus souvent déterrés que la moyenne ? Plusieurs ont en effet été retrouvés dans cet état d’imputrescibilité alors qu’ils avaient demandé avant leur mort à être ultérieurement déterrés. De plus, les funérailles étant sacrées à leurs yeux, ne bénéficient-ils pas de conditions optimales pour la conservation de leur corps ? Outre ces négligences sur l’étude des cas d’incorruptibilité, nous pouvons aussi remettre en cause les témoignages sans doute déformés au cours de l’histoire et dont les auteurs ne sont pas objectifs. Par exemple, l’unique ouvrage (The incorruptible) recensant des cas d’incorruptibilité est écrit par Joan Cruz qui a repris les travaux du Père Thurston et s’est aidé de « toutes les sources ecclésiastiques connues. Elle y énumère les 102 cas authentifiés par la Congrégation des rites de l’Eglise catholique romaine. ». Les théories émises par l’Eglise n’ayant pas de fondement scientifique, on ne peut pas se référer uniquement à cette source, mais malheureusement elle est souvent la seule. Notre avis sur le phénomène extraordinaire d’imputrescibilité est que chacun des cas a une explication rationnelle. Nous plaçons donc le curseur vraisemblance à 100 % pour cette thèse, alors que nous le plaçons à 0 % en ce qui concerne une intervention divine. On peut penser que la décomposition des corps peut être

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